Les gestes du gouvernement et des églises ne vont pas assez loin, selon le CAA

Lester Bear Maiczan, co-président du Cercle d’action autochtone de l’AFPC-RCN, a écrit ce qui suit après les événements de Kamloops :

C’est avec tristesse que j’ai appris la découverte des restes de 215 enfants dans un charnier du site de l’ancien pensionnat autochtone de Kamloops – mais je ne peux pas dire que j’étais étonné.

Le rapport de la Commission de vérité et réconciliation, accessible à toute la population canadienne, a décrit les nombreux sévices infligés dans ces « pensionnats » pendant plus d’un siècle.

En fait, les appels à l’action 71 à 76 portent spécifiquement sur l’inhumation des enfants décédés sans que leurs parents en soient informés, obligeant des familles à faire leur deuil sans savoir dans quelles circonstances leurs enfants sont morts et sans pouvoir les enterrer dans leur communauté.

On déplore les actions du gouvernement fédéral et des églises, qui ont longtemps empêché l’identification des victimes en barrant l’accès aux archives du système, y compris celles du pensionnat St. Anne, l’un des établissements les plus tristement célèbres de cette période. On y utilisait une chaise électrique artisanale pour punir les enfants des Premières Nations.

Pour surmonter ce traumatisme, il faut d’abord reconnaître qu’il existe, mais par-dessus tout, il faut que le gouvernement fédéral et les églises reconnaissent leurs torts et prennent leurs responsabilités. Dire : « Oui, je l’ai fait, mais je ne suis pas responsable » ne suffit pas. Dire : « Je l’ai fait, et je vais continuer à cacher des choses » ne suffit pas. Aux yeux des Autochtones, un gouvernement – libéral ou conservateur – qui ne prend pas ses responsabilités continuera de cacher la vérité et de tergiverser sans lever le petit doigt pour apaiser leurs souffrances quotidiennes.

Même si l’histoire des pensionnats n’était pas au programme scolaire, beaucoup d’enfants des Premières Nations connaissaient cette triste histoire, ayant grandi avec des parents ou des grands-parents qui ont été internés.

Ils nous ont raconté qu’ils passaient jusqu’à dix mois par an loin du berceau familial et communautaire.

Ils nous ont raconté qu’ils passaient la moitié de la journée à travailler, et l’autre moitié en classe. Ils nous ont raconté que des enfants mouraient sans que leurs parents en soient informés.

Ces témoignages sont déchirants et, comme l’illustre la prolifération de monuments à travers le pays, beaucoup de Canadiennes et Canadiens partagent notre détresse quand ils apprennent les ravages de ces « pensionnats ».

L’absence d’épitaphe suffit à briser le cœur de la nation, car elle lance le message suivant : la vie et la mort de ces enfants n’étaient pas dignes de mention.  

Les gouvernements et les autorités religieuses doivent cesser de dissimuler la vérité et ouvrir les archives des pensionnats. C’est la chose à faire pour que ces vieilles blessures puissent enfin cicatriser.

Le changement est défini comme « l’action de changer quelque chose ou ce qui en résulte », et c’est exactement ce dont on a besoin.

Le gouvernement doit faire bouger les choses, arrêter de tergiverser et donner suite aux appels à l’action de la CVR.  

Il doit aussi fournir des services égaux dans les réserves pour mettre fin à la discrimination de plus de 165 000 enfants des Premières Nations.

La surreprésentation des enfants des Premières Nations dans les familles d’accueil est une conséquence de cette période terrible. Aujourd’hui, il y a plus d’enfants dans le système que dans toute l’histoire des pensionnats – une situation qui découle de la séparation inutile de milliers de familles.

On dirait que le gouvernement n’est pas pressé de clore ce chapitre sombre de son histoire.

 

 

Photo: Mack Male, “Memorial at Alberta Legislature” (CC BY-SA 2.0).

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