Quel a été l’impact de Phénix sur votre milieu de travail en général?
Les effets de Phénix ont été dévastateurs. Beaucoup de gens de ma division ont été touchés. Ils sont bouleversés, déprimés et stressés à un point tel qu’ils ne n’arrivent plus à fonctionner. À cause de Phénix, le nombre de congés de maladie a augmenté. Les gens ont du mal à comprendre ce qui leur arrive ou ne savent pas comment s’en sortir.
Quel a été l’impact de Phénix sur les gens autour de vous?
Les effets de Phénix se manifestent de différentes manières : stress, angoisse, dépression, désespoir. En tant que fonctionnaire, on se rend au travail tous les jours en se disant qu’on sera payé pour son travail et, quand on réalise qu’on ne reçoit pas sa paye, on se sent inutile. On devient stressé et on se demande comment on va survivre. Les factures et les obligations financières, elles, continuent et, souvent, on ne sait pas à quel saint se vouer.
C’est pénible et humiliant de demander de l’aide à la famille et aux amis, et ils ne peuvent pas aider longtemps. Phénix fait monter la pression d’un cran durant la pandémie. J’ai parlé à d’autres fonctionnaires qui ont été victimes de Phénix. Ils ont perdu leur auto, leur maison… certains se sont même suicidés. Le gouvernement est au courant du désastre, mais il n’en fait pas assez pour le réparer. Combien de personnes devront encore être brûlées par Phénix? Avec la pandémie qui s’ajoute, c’est le comble du désespoir. J’ai beaucoup de mal à croire que ça m’arrive à moi, un fonctionnaire qui compte 19 années de service.
Est-ce que vous avez été personnellement touché par les ratés de Phénix? Si oui, de quelle façon?
Les ratés de Phénix m’ont frappé en cette période de pandémie où on a particulièrement besoin d’argent pour survivre. Je n’ai eu aucune paye ces derniers temps. Quand j’ai appelé le centre des services de paye, on m’a répondu que le système m’a « oublié ». Si ce problème n’est pas corrigé d’ici le prochain cycle de paye, je ne sais pas ce que je vais faire. Je vais devoir me tourner vers la banque alimentaire et, pour mes finances… je ne sais pas ce que je vais faire. Sur le plan du crédit, ce sera désastreux. Je vois déjà des difficultés se pointer à l’horizon. Le moment est mal venu. Si rien ne change, c’est une dépression majeure qui m’attend.
Comment se sent-on à la croisée de ces deux fléaux : Phénix et, maintenant, la COVID‑19?
C’est un stress énorme que d’avoir à gérer à la fois les problèmes de paye causés par la COVID-19 et ceux causés par Phénix. En plus d’être choqué de ne pas recevoir de paye, je suis stressé au plus haut point. Je ne sais pas vers qui me tourner; j’ai perdu toute confiance dans le système. Je n’arrête pas de m’inquiéter de mes finances, de me demander si je serai payé à temps et si je recevrai le bon montant. C’est insupportable! Le programme d’aide aux employés (PAE) est utile, mais il n’aide pas à payer l’épicerie et les factures. Ce n’est pas une solution valable aux problèmes causés par Phénix. Même s’il fournit un certain soutien financier, le stress et la dépression que je vis me poursuivront jusqu’à ma retraite. Je me demande si, à ma retraite, les problèmes de Phénix seront résolus et si nous serons dédommagés.
Que pensez-vous de ce que le gouvernement a fait pour régler la situation ou dédommager les gens jusqu’à maintenant?
Le gouvernement n’en a pas fait assez pour aider les victimes de Phénix. Il continue de déverser des fonds dans un système défaillant. Ses efforts n’aboutissent à rien. Au lieu de lui faire économiser de l’argent, Phénix lui a fait dépenser des milliards de plus. Je trouve inacceptable, au Canada, que le gouvernement fédéral s’attende à ce que son personnel fasse un travail indispensable sans être payé comme il le devrait. Si le problème avait touché les députés, je suis sûr qu’il aurait été réglé en rien de temps. Le Canada n’est pas un pays marginalisé! Nous sommes soi-disant une société démocratique, où on traite les gens avec respect, de manière juste et équitable.
Qu’est-ce que les membres de l’AFPC peuvent faire maintenant?
Les membres de l’AFPC doivent se lever et dire au gouvernement que la situation est inacceptable. Une fois la pandémie terminée, il faudra prendre des mesures pour réparer le système. Si on peut se mobiliser pour la pandémie, ça prouve qu’on aurait dû le faire il y a longtemps pour Phénix.
À votre avis, que devrait faire le gouvernement au sujet de Phénix?
Il doit régler ce problème. Je reconnais qu’on est en plein milieu d’une crise et que la solution ne viendra pas de sitôt, mais le gouvernement doit savoir que les problèmes de Phénix n’ont pas disparu durant la pandémie. Se trouver sans argent dans cette période d’incertitude, c’est inacceptable. Depuis le début de la pandémie, le gouvernement a montré qu’il peut résoudre des problèmes complexes. Pourquoi met-il tant de temps à régler les problèmes de ses propres employés?
Comment vous sentiriez-vous si on pouvait enfin régler les problèmes de Phénix?
Ce serait un vrai soulagement si les problèmes de Phénix étaient enfin réglés et que les fonctionnaires pouvaient recevoir la paye qui leur revient. Ça donnerait un répit au réseau de la santé, engorgé par la multitude d’employés qui ont des problèmes de santé causés par Phénix. Bien des fonctionnaires sont déprimés et stressés au-delà de la normale, et beaucoup d’entre eux dépendent maintenant de médicaments d’ordonnance. Le problème a assez duré. Il coûte des millions au gouvernement et il nuit à la santé et à la vie des gens.
Présenté par C.B., fonctionnaire.