Le 31 mars 2009, on dénombrait au Canada 520 cas connus de femmes et de filles autochtones disparues ou assassinées. L’Association des femmes autochtones du Canada est d’avis que beaucoup d’autres cas n’ont pas encore été documentés, en particulier pour les décennies antérieures. Ceux qui sont connus et documentés se répartissent comme suit :
les disparitions de femmes et de filles représentent 24 % des cas;
les meurtres (homicide ou négligence ayant causé la mort) représentent 67 % des cas;
la plupart des disparitions et assassinats ont eu lieu dans les provinces de l’Ouest : 26 % en Colombie-Britannique, 17 % en Alberta, 14 % au Manitoba et 12 % en Saskatchewan;
52 % des femmes et des filles en cause avaient moins de 30 ans;
43 % des disparitions sont survenues depuis l’année 2000;
55 % des meurtres sont survenus depuis l’année 2000.
Même si les femmes autochtones ne forment que 3 % de la population canadienne, elles sont surreprésentées parmi les victimes de la racialisation et de la violence sexuelle. Trop souvent, elles sont visées à cause de leur sexe et de leur identité autochtone.
(Texte adapté de la fiche d’information intitulée Murdered and Missing Aboriginal Women, Association des femmes autochtones du Canada)
Pourquoi une telle violence?
Le racisme généralisé et la pauvreté continuent d’exposer les femmes autochtones à un risque accru de violence, tout en les privant de la protection que pourraient leur apporter la police et les services gouvernementaux. Les profondes inégalités en matière de conditions de vie et d’accès aux services gouvernementaux ont mis de nombreuses femmes autochtones dans des situations où les risques de violence sont exacerbés. Ces mêmes inégalités ont aussi privé beaucoup d’entre elles de l’accès aux services et au soutien dont elles ont besoin pour échapper à la violence, comme les refuges d’urgence.
Avant 1985, une femme autochtone qui épousait un non-Autochtone perdait son statut d’« Indienne », de même que son droit de vivre dans une réserve et son admissibilité à d’autres programmes et services. Des milliers de femmes ont donc été forcées de quitter leur réserve et ont souffert d’un isolement culturel.
En outre, le système de pensionnats a donné lieu à un cycle de traumatismes et de mauvais traitements qui a eu des incidences sur de nombreuses générations de femmes et d’hommes autochtones. D’autres politiques gouvernementales adoptées dans les années 1960 ont permis le retrait d’enfants autochtones de leur communauté et leur placement dans des foyers non autochtones. Ces politiques ont eu pour conséquence des familles brisées, la perte de l’identité culturelle et, dans de nombreux cas, des traumatismes et des mauvais traitements.
Parallèlement, il semble que certains hommes commettent des actes de violence extrêmes visant spécifiquement les femmes autochtones. Ces actes peuvent être motivés par le racisme ou par le sentiment que l’indifférence de la société à l’égard du bien-être et de la sécurité de ces femmes leur permettra d’échapper à la justice. L’impunité dont jouissent ces hommes contribue à instaurer un climat tel que ces actes sont considérés comme normaux et acceptables, et non comme criminels, et que les femmes n’osent pas demander justice parce qu’elles savent qu’elles ne l’obtiendront pas.
(Texte adapté de Assez de vies volées, Amnistie internationale, octobre 2009)